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La Birmanie...

Je ne sais pas trop comment continuer la Birmanie, comment la raconter, comment la partager. Il y a tant à dire que l'écrit ne suffit pas. Heureusement, les photos sont là.
Il y a tant à dire car il y a tant de surprises, de différencs et si peu de comparaison possible. 
Il y a tant à dire car c'est comme un voyage dans le temps, un voyage dans le passé. 
Il y a tant à dire car la Birmanie arrive vers la fin de notre voyage et cela n'a rien d'anodin dans notre façon de la voir et de la vivre.
Tentons néanmoins de la partager... Pour pouvoir mieux s'en rappeler lorsque, dans quelques années, nous relirons ces lignes.
Le contexte tout d'abord. Après l'Europe, la Turquie, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Chine, le Japon, le Vietnam et la Thaïlande, nous voici en Birmanie.
À la fois rodés au voyage et la tête pleine d'images, de sons, d'odeurs, de tout ce périple déjà fait. Nous sommes proches de la fin. Et cela colore notre vision. À la fois un peu de fatigue et une tête qui semble ne plus pouvoir absorber grand-chose. À la fois une normalité de tous les éléments du voyage. L'envie de se poser nous prend parfois. Et,  il faut bien l'avouer, une envie de calme dans cette Asie extravertie et bruyante autant visuellement qu'auditivement.
Mais aussi l'envie ressourcee par  la Birmanie de découverte. Car s'il y a bien un pays de voyage c'est bien celui-ci. Certains diront roots, d'autres authentique, pauvre, sincère, rural, stupéfiant, figé dans le passé, insalubre, rongé par son histoire, libre à présent, beau, plein de déchets, diversifié, en cours de construction, intrigant... Chacun le voit à sa manière et finalement elle a bien toutes ses facettes. Mais tous diront souriant, accueillant, bienveillant. Nous y trouverons ce goût du voyage au travers des rencontres.
 
Nous sommes passés par Mandalay puis l'Est, le lac Inle, Pindaya et Kalaw. 
Ce bout du pays nous en a déjà beaucoup appris. 
Le bouddhisme est omniprésent et chaque homme birman sera moine au moins une fois dans sa vie. Dans chaque rue, à chaque moment de la journée, les moines sont là , habillés de orange ou de rouge, jeunes enfants, adultes ou vieil homme au visage ridé. Les chants bouddhiques raisonnent un peu partout. Nuit et jour, sans interruption à Pindaya pour une fête, durant 5 jours. C'est l'une des ancres du pays. Ce n'est qu'à  Yangoon, au sud du pays, que nous verrons d'autres religions actives et établies.
Le lac Inle nous apporte également l'éclairage ethnique du pays. En pirogue, traversant ce lac mythique, où les jardins flottants nourrissent leurs habitants et la région, nous allons tout au bout, jusqu'au village de Pindhein. Un marché comme on en voit peu bourré de couleurs, de fruits, de fleurs, de légumes et d'herbes, d'épices et de pâtes odorantes. Chaque allée a sa spécialité : Les poissonniers, les bouchers, les maraîchers, les vendeurs de tissu... Et même les forgerons à l'ancien aux lames rougeoyantes. Chacun apporte ce qu'il a à vendre. Les ethnies des alentours se rencontrent alors, échangent, vendent et achètent. On se promène dans chaque partie avec lenteur et les yeux bien ouverts pour ne rien louper. 
Le lac Inle sera aussi l'occasion de découvrir la vie rurale de birmanie. Une vie de labeur où vache et buffle d'eau sont des ressources précieuses pour tirer les charrues. Une vie où l'eau se puise au puit, où les maisons sont faites de bambou et de feuilles de bananier. Après le lac Inle, c'est  KAlaw qui nous fait avancer sur la piste de la diversité birmane. Les visages, les cheveux, les habits évoluent et se mixent les uns aux autres. L'Inde, que nous avions déjà détectée, se fait plus présente. Les Indiens nous ravissent de leur Buryani et nan . Kalaw c'est également l'occasion d'un bol de fraîcheur qui fait du bien. Le temps de fêter 42 ans dans un restaurant totalement improbable:  italien. Le temps de tirer la langue a beaucoup de choses par un cadeau tête de bois irrésistible qui nous rappelle que l'humour sera toujours une magnifique arme contre les aléas de la vie. 

Le temps d'admirer des joueurs de rue de balke de bambou agiles et  bourrés d'énergie.
Après l"Est, nous passons à l'ouest. L'Irrawaddy, fleuve birman, nous transporte jusque Bagan et ses temples. Imaginez une plaine immense ponctuée d'arbres, de buissons, de villages, de champs où, à chaque détour de chemin de terre, un stupa, un temple se dresse devant vous ... tous différents tous singuliers dans leur forme, leur matière. Pour peu que quelques bougainvilliers viennent poser leur touche de blanc et de rose, vous avez alors un tableau beau et reposant qui donne envie de se poser et d'admirer. On semble y être totalement seuls tellement c'est grand et des scooters électriques nous permettent d'aller loin prenant autant plaisir aux visites qu'aux chemin cahoteux qui nous y mènent . 
Autour de Bagan, nous faisons la connaissance de villageois et de leur mode de vie. Cacahuète, coton et sésame rythment la vie des champs avant de devenir huile d'arachide, Longhi, huile de sésame et fourrage pour les bêtes. 
Pendant que les parents sont au champs, les grands-parents prennent soin de la maison, s'occupent de la lessive à l'arrière de la cour dans de grandes bassines. La doyenne du village, 92 ans, fume de gros cigares de feuilles de bananier remplis de tabac et de tamarin. Pendant qu'elle file si simplement le coton nous nous regalons de quelques cacahuètes grillées au sable.
Et chaque soir nous retrouvons la famille du resto d'en face notre hôtel. Charlie découvre le badminton avec un nouveau copain minute birman, pendant que l'on discute tranquillement à coup de "tu te rends compte?  on est à Bagan!!" . 
La Birmanie sera pour nous le pays du bus, bus de nuit, bus de jour, on a tout essayé et tu es assez... Horrible. Et c'est après une nuit sans sommeil que nous arrivons à Yangon. Waouh ça décoiffe! . Un trafic de dingue, que des voitures, pas une seule mob car elles sont interdites, un niveau sonore de fou, toutes les religions et les origines se mélangent. Beaucoup de gens à la rue et même ceux que l'on voit aux fenêtres n'ont guère un toit correct sur leur tête.
Le temps de quelques heures on s'échappe de Yangon en passant la rivière. À vélo, nous traversons les villages de l'autre côté de la rive, un autre monde. Beaucoup de sourires et de "ming guh la ba" (bonjour ) nous touchent malgré la misère omniprésente. L'occasion d'une conversation éclairante avec notre guide sur son pays, la junte militaire et tous les dégâts qu'elle a fait, la mise sur pause complète du pays en 1962 lorsqu'ils prirent le pouvoir, la difficile démocratie d'aujourd'hui sur fond de constitution bloquante est obsolète et de pouvoir militaire encore bien établi, l'espoir dans ce peuple jeune, dans ce pays bourré de ressources. 
C'est aussi ça le voyage, dépasser ce que l'on voit et tenter de comprendre même un petit peu ce qui nous entoure.

Nous sommes le 21 décembre, je suis attablee dans la salle commune de notre guesthouse de Yangon. Une machine tourne à l'étage et Charlie lit avec Jean-Luc. À la télé ils ont mis exprès une chaîne de dessins animés pour Charlie comme à chaque fois qu'il le voit. On devait être en dortoir de 6 et finalement ils nous ont donné une chambre pour trois. Ok y a pas de fenêtre et c'est bourré de moustiques mais c'est cool. On a même acheté une guirlande et un père Noël pour la déco. Noël arrive à grand pas. Ça fait presque bizarre ici...
Noël sera une nouvelle étape dans notre voyage. Nous avons décidé de le passer à Bangkok. Demain nous quittons la Birmanie, direction la thaïlande. Bangkok pour Noël et nous avons décidé ensuite de passer un mois sur l'île de Koh pha-ngan, histoire de faire le point, de se poser et de se projeter dans l'avenir, le retour, la suite... Il en reste des choses à imaginer et à vivre!
Avant de quitter la Birmanie, notre dernier trip est pour le rocher d'or. Étrangement suspendu, peut-être par un cheveu de bouddha ou deux, haut lieu de pèlerinage birman, c'est l'un des emblèmes de ce pays que nous souhaitons approcher. 

À 60 dans un truck, roulant à tombeau ouvert, virages en épingle, montées escarpées, descentes de folie, nous gravissons la montagne qui nous y mène.
 Une belle impression quand il est juste à côté de nous, d'être à côté d'une page mythique du NationalGeographic. On y est. Assis juste là avec les nonnes qui chantent face au rocher boursouflé de toutes les feuilles d'or que les hommes viennent coller. 
Tout autour, un paysage luxuriant, tout en hauteur, on voit loin et ça fait du bien. Juste assez loin pour se rendre compte que nous sommes à notre dernière étape, que Noël et la nouvelle année vont ouvrir une nouvelle page de notre livre commun.
Un pincement au cœur mais on est prêt.
La Birmanie restera un moment fort.
 Nous rappelant qu'il y a des endroits dans le monde où l'on fabrique les routes entièrement à la main, panier de cailloux après panier de gravier.
Nous rappelant qu'il y a des endroits dans le monde où le sourire, la bienveillance et l'attention à l'autre semblent plus fort que bien des tracas du quotidien.
On y a vu beaucoup de gens jouer, chanter, beaucoup de gens rire et blaguer  alors même qu'autour deux ça semblait bien lugubre. Mais finalement leur bonne humeur et leur sourire ont cet incroyable pouvoir de vous faire oublier les alentours en un quart de seconde 
"Jay zu ding ba de", merci au Myanmar. On revient les pieds sur terre mais la tête dans les étoiles.

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